Ghanili

Le passé est présent

                     Ghanili signifie « chante-moi » en arabe. C'est le nom d'une des plus célèbres chansons d'Oum Kalthoum. Une chanson de 1945 que tout le monde arabe connaît et qui est toujours aussi populaire aujourd'hui. Quand on la chante, le passé resurgit. Elle a le pouvoir de transporter l'auditeur dans un état de joie, de bonheur, voire d'extase si son interprète maîtrise à merveille les variations et les ornementations. « Ghanili », c'est ce que l'on dit à un chanteur pour qu'il chante quelque chose, on me l'a souvent dit lorsque je chantais en famille.

                    Quand j'ai donné mon premier concert à Paris en 2006 au Festival de l'Imaginaire en tant que chanteuse, tout mon répertoire était tiré de l'âge d'or de la musique arabe classique qui s'est étiré entre 1930 et 1970. Ma carrière débutait et je faisais alors mes premiers pas devant le public européen, pour présenter ma culture et la culture arabe. Dix-sept plus tard, après avoir travaillé avec de nombreux musiciens issus d'autres cultures, je souhaite faire ce retour à la source.

               J'ai besoin de ce retour pour me nourrir, m'inspirer car c’est ainsi que l’on peut être en mesure de travailler avec l’autre. Je veux aussi pouvoir partager ce répertoire de musique arabe classique avec d'autres musiciens du monde arabe ou qui ne le sont pas forcément. Dans ce cadre, j'aimerais me produire avec un takht, un petit ensemble de quatre musiciens comme cela se faisait fréquemment aux XIXe et XXe siècles, avant que les grands orchestres inspirés par la musique occidentale ne s’imposent.

                   Je suis curieuse de reprendre ce répertoire dix-sept ans plus tard afin de voir comment je l’aborde maintenant, après toutes mes expériences en tant que chanteuse et chercheuse. Et aussi comment je le partage avec le public, comment je peux l’emmener avec moi, comment nous pouvons vivre ce rituel ensemble. Je reprendrai les chansons d'Oum Kalthoum, d'Asmahan, d'Abdel Wahab et de cet âge d'or, ainsi que la tradition du mouachach d'Alep, la forme de musique arabe classique du nord de la Syrie.